Questions d’éthique et de déontologie

Prof. Mme P. Naftali

Travail de groupe :                                                                              

Nina Illert

Julie Biddaer

Manon Impens

 

Table des matières

 

Consignes

1.Description d’une situation éthique

2. Questionnement éthique

3. Discussion et argumentation

3.1 Conflit de valeurs

3.2 Dilemmes posés

3.2.1 L’enfant quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire

3.2.2 L’élève quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire et bénéficie de séances pluridisciplinaires extrascolaires

3.2.3 L’enfant continue sa scolarité dans l’enseignement spécialisé

4. Résolution de conflit

5. Solution choisie par le groupe et discussion

Bibliographie

 

Consignes

Réalisation d’un travail écrit, individuel ou en groupe (max. 3 personnes) entre 3 et 5  pages maximum (Word/Open office, taille 12, police Times New Roman, interligne simple)  répondant aux exigences suivantes :

 

a) Décrire une situation qui présente un enjeu éthique (vécue en stage ou au cours  d’expériences professionnelles ou toute autre situation pouvant présenter un enjeu  éthique, de préférence en rapport avec les troubles d’apprentissage)

b) Formuler le questionnement éthique

c) Rechercher des informations éventuelles par rapport aux faits particuliers invoqués,  si nécessaire

d) Discuter et argumenter le dilemme éthique en se référant à des concepts ou des théories éthiques vues au cours (expliciter le conflit de valeurs, le dilemme posé aux  personnes concernées et/ou à la société)

e) Mettre en évidence les résolutions possibles de l’enjeu éthique et délibérer sur la  solution retenue à l’aide d’arguments

 

 

1. Description d’une situation d’éthique

Il s’agit d’un garçon de 8 ans inscrit dans l’enseignement spécialisé de type 4 présentant une dyspraxie. Il éprouve de grandes difficultés pour écrire manuellement et pour l’utilisation du matériel scolaire (règle, compas, etc.). Au sein de l’établissement scolaire le jeune bénéficie de séances de kiné, de logo, d’ergo et de neuropsychologie.

Son ergothérapeute lui a appris au cours des années à utiliser un ordinateur et certains logiciels pour pallier ses difficultés. Son institutrice lui fournit les exercices à effectuer sous format électronique.

Il est désormais autonome en classe et lors d’une réunion pluridisciplinaire, tous les intervenants prenant en charge le garçon constatent que celui-ci pourrait intégrer l’enseignement ordinaire. En effet, il pourrait utiliser son ordinateur afin de réaliser les devoirs qui lui sont donnés.

Lors d’un entretien avec les parents du jeune, ceux-ci refusent son intégration dans l’enseignement ordinaire et souhaitent qu’il poursuive sa scolarisation dans l’enseignement spécialisé. Les motifs des parents étaient qu’ils avaient peur que leur enfant ne décroche dans l’enseignement ordinaire puisque dans ce cas-là il ne pourrait plus bénéficier de toutes les interventions pluridisciplinaires proposées par l’enseignement spécialisé.

 

 

2. Questionnement éthique

  • Point de vue de l’établissement scolaire : le jeune garçon devrait intégrer l’enseignement spécialisé puisqu’il est capable d’utiliser son ordinateur et les différents logiciels à bon escient, il est donc assez autonome pour suivre tous les cours.
  • Point de vue des parents de l’élève : l’enfant continue sa scolarité dans l’enseignement spécialisé afin de garantir une meilleure scolarité, encadrée par une équipe pluridisciplinaire.
  • Le point de vue de l’élève concerné n’a pas été relevé.

Le questionnement éthique que nous proposons alors :

  • Comment en tant qu’orthopédagogue, puis-je conseiller au mieux les parents d’un enfant dyspraxique pour que leur enfant soit le mieux accompagné dans sa scolarité et qu’il puisse progresser le plus possible ?

 

 

3.  Discussion et Argumentation

 3.1  Conflit de valeurs

  • Du point de vue de l’établissement scolaire : L’enseignement spécialisé de type 4 est destiné aux enfants ayant des difficultés scolaires liées à un trouble moteur. L’élève a été suivi dans cet enseignement pendant plusieurs années et avec l’aide des différents intervenants (kiné, logo, ergo, etc.) il est parvenu à acquérir une indépendance dans les apprentissages scolaires. En géométrie par exemple, il est capable d’utiliser le logiciel « Géogébra ». Pour les cours nécessitant l’écriture, l’élève utilise Microsoft Word. Il sait relire ce qu’il a écrit grâce au logiciel de relecture orale. L’établissement estime alors que l’élève présentant moins de difficultés liées à son trouble moteur pourrait intégrer l’enseignement ordinaire et éventuellement laisser la place à un élève nécessitant plus d’aide que lui.
  • Du point de vue des parents de l’élève : Ils souhaitent que leur enfant reçoive la meilleure éducation possible. Ils se soucient de l’avenir de leur enfant et craignent que dans l’enseignement ordinaire, il se retrouve en difficulté à cause de son handicap.

Différentes valeurs peuvent être relevées dans ce questionnement éthique, à savoir, la croyance en l’analyse et l’avis des professionnels de l’enseignement spécialisé, la confiance des parents par rapport à l’éducation de leur enfant dans l’enseignement spécialisé. En effet, celui-ci leur procure un sentiment de sérénité sachant que leur enfant est bien encadré et qu’il peut y développer son autonomie.

 

3.2 Dilemmes posés

Dans ce cas d’éthique, il s’agit d’une décision à prendre face à l’orientation scolaire de l’enfant dyspraxique. En nous positionnant comme orthopédagogue, nous devons conseiller les parents dans leur choix en leur exposant les différentes possibilités.

 

3.2.1 L’enfant quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire

Il est intéressant de différencier les différentes possibilités d’intégration dans l’enseignement ordinaire :

 

  1. intégration permanente et complète
  2. Intégration permanente et partielle (toute l’année scolaire, mais uniquement pour certains cours)
  3. Intégration temporaire partielle (enseignement à cheval sur l’enseignement ordinaire et spécialisé en fonction de certains cours pendant toute l’année scolaire)
  4. Intégration temporaire totale (intégration complète dans l’enseignement ordinaire, mais sur une durée déterminée avec une évaluation à la fin de la période pour la suite).

 

3.2.2 L’élève quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire et bénéficie de séances pluridisciplinaires extrascolaires

Approche mixte (enseignement ordinaire avec suivi pluridisciplinaire externe), qui permet à l’enfant de garder son suivi global par rapport à son trouble, mais alourdit son horaire, celui des parents (transport de l’enfant) et à un coût financier supérieur.

 

3.2.3 L’enfant continue sa scolarité dans l’enseignement spécialisé

Approche plutôt fonctionnelle où la compétence prioritaire est de permettre à l’enfant d’acquérir son autonomie maximale afin qu’il puisse dans sa vie future être le plus indépendant possible. L’apprentissage s’axe sur le vécu de l’enfant, son développement et la prise de conscience de l’enfant par rapport à lui-même. Il sera entouré par une équipe pluridisciplinaire qui favorisera prioritairement ce développement d’autonomie par l’apprentissage au travers d’activités et avec des outils spécialisés. L’enseignement spécialisé axe sa priorité sur des objectifs à atteindre de chaque enfant qui sont adaptés à son cas précis (PIA).

Les avantages de cet enseignement sont l’accompagnement par l’équipe pluridisciplinaire (mis en avant dans ce cas par les parents).

 

 

4.    Résolution de conflit

Dans les 3 cas de figure, il s’agit du courant éthique des conséquences ou conséquentialisme. Pour rappel, Bentham et J. S. Mill définissent l’éthique conséquentialiste comme étant  la conséquence positive qui se résume par la conséquence de nos actes (la moralité existe si les conséquences de notre action sont positives) afin de privilégier le bien-être collectif et donc des personnes affectées par mon action).

Il est possible d’analyser ces trois dilemmes en se plaçant au travers des différents points de vue.

 

Selon le dilemme 1 : L’enfant quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire

Si les parents choisissent de placer l’enfant dans l’enseignement ordinaire, ils favorisent l’épanouissement et le développement de l’autonomie. Cela lui permet malgré sa dyspraxie d’intégrer le milieu social « ordinaire » des enfants de son âge.

  • Du point de vue scolaire, cette solution permettrait qu’une place se libère pour accueillir un nouvel élève dans l’enseignement spécialisé et contribue à l’augmentation des enfants à besoins spécifiques en inclusion dans l’enseignement scolaire ordinaire, comme le souhaite la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB).
  • Du point de vue des parents, si leur enfant quitte l’établissement spécialisé, il risque de décrocher dans l’enseignement ordinaire à cause de ses difficultés liées à sa dyspraxie.
  • Du point de vue de l’orthopédagogue, le changement d’école vers le système ordinaire favoriserait le développement scolaire et social de l’enfant, mais provoquerait des inquiétudes et une sensation de perte de contrôle par rapport au projet scolaire de leur enfant.

 

Selon le dilemme 2 : L’élève quitte l’enseignement spécialisé pour intégrer l’enseignement ordinaire et bénéficie de séances pluridisciplinaires extrascolaires.

Contrairement au dilemme n° 1, cette solution favorise l’inclusion et le développement de l’enfant, mais en lui faisant bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire extrascolaire.

  • Du point de vue scolaire, nous sommes dans le même point de vue que dans le dilemme 1 étant donné que rien ne change par rapport au choix de la scolarité.
  • Du point de vue des parents, cette solution hybride ne remplira pas complètement leurs désirs par rapport au suivi de leur enfant et ne leur procurera pas le sentiment de sécurité que le suivi engendre. En revanche, cette solution permet tout de même une continuité du suivi par une équipe pluridisciplinaire professionnelle. Une éventuelle contrainte pourrait être la question financière par rapport au soutien extrascolaire et par rapport à la fatigue de l’enfant en sortant de sa journée scolaire pour ensuite entamer ses « rééducations parascolaires ».
  • Du point de vue de l’orthopédagogue, le changement d’école vers le système ordinaire favoriserait le développement scolaire et social de l’enfant et pourrait apaiser leurs inquiétudes en sachant que l’enfant sera suivi par une équipe de professionnels en dehors de l’école. L’orthopédagogue suivrait bien entendu l’enfant dans son développement et ferait les liens nécessaires entre l’équipe pluridisciplinaire, l’école et les parents. Ce suivi pourra décharger les parents et les rassurer quant à une continuité de la prise en charge.

 

Selon le dilemme 3 : L’enfant continue sa scolarité dans l’enseignement spécialisé

Si l’enfant continue sa scolarité dans l’enseignement spécialisé, il sera bien entendu guidé, mais probablement sans apprendre davantage étant donné que l’établissement et son équipe jugent qu’il est capable d’intégrer l’enseignement ordinaire de manière autonome.

  • Du point de vue scolaire, l’enfant continuera son évolution guidée dans l’enseignement spécialisé jusqu’à l’obtention de son CEB (certificat d’études de base). Mais étant dans l’enseignement supérieur il devra soit, passer en ordinaire (avec toutes les complications complémentaires au changement d’un système primaire-secondaire), soit passer en technique de transition ou en professionnel.
  • Du point de vue des parents, l’enfant serait soutenu et guidé dans sa scolarité. Ils n’auraient aucune inquiétude et se sentiraient eux aussi confiants grâce à la prise en charge de l’enfant dans sa globalité. Les différents intervenants continuent la prise en charge de l’élève et lui fournissent davantage d’éléments afin d’acquérir un haut niveau d’indépendance.
  • Du point de l’orthopédagogue, l’enfant ne pourra pas avoir la possibilité d’essayer d’intégrer la scolarité ordinaire et donc une possibilité d’évolution et d’autonomie. Par contre, les parents seraient confiants et rassurés.

Il est à relever que dans aucune des trois résolutions de conflit, l’enfant n’est interpellé par rapport à son avenir (la description du cas ne parle que d’un entretien entre l’orthopédagogue et les parents).

 

 

5. Solution choisie par le groupe et discussion

Selon le point de vue du groupe, la meilleure solution qui s’offrirait à l’enfant serait le cas de figure n° 2 : quitter l’enseignement spécialisé et intégrer l’enseignement ordinaire en bénéficiant d’interventions pluridisciplinaires extrascolaires.

Cette solution prend en compte les différents points de vue de tous les acteurs (sauf celui de l’enfant).

Les parents seraient d’une certaine manière réconfortés par le suivi de l’enfant par un orthopédagogue et par une équipe pluridisciplinaire. C’est à l’orthopédagogue de proposer des solutions aux parents pour améliorer le suivi et pour diminuer les charges financières qui pourraient être un frein au changement. Une solution adaptée serait de maintenir l’inscription de l’enfant dans l’enseignement spécialisé en même temps qu’il ne fréquente l’enseignement ordinaire. Cela permettrait alors l’accompagnement de l’enfant par un professionnel de l’équipe pluridisciplinaire (4h/semaine) en classe ordinaire. De plus cette solution permettrait de diminuer les frais financiers et les heures de soutien en extrascolaire (moins de fatigue pour l’élève). Par ailleurs dans l’enseignement ordinaire l’enfant aura la possibilité d’évoluer dans un milieu scolaire et social ordinaire et de prolonger sa scolarité dans l’enseignement secondaire supérieur général pour avoir accès à tout type de choix professionnel (universitaire, technique ou professionnel).

Il reste un point que le groupe aimerait mettre en avant, à savoir l’avis de l’enfant qui n’a pas été questionné. En effet, une première chose que devrait faire l’orthopédagogue, avec l’accord des parents, serait d’avoir une discussion avec l’enfant quant à sa vision personnelle de son projet de vie et de son projet scolaire. Cet avis serait alors le point de départ des possibilités envisageables pour l’enfant.

Cette solution permettrait à l’établissement que fréquentait l’élève d’accueillir un nouvel élève ayant besoin des infrastructures proposées par cet établissement, l’élève aurait la possibilité de bénéficier d’un enseignement plus soutenu tout en continuant les prises en charge pluridisciplinaires.

Pour ce qui est de l’enseignement ordinaire, ce changement favoriserait l’inclusion scolaire comme souhaité par la FWB (Enseignement.Be —L’inclusion Scolaire, n.d.).

Développons brièvement le concept de l’inclusion scolaire prônée par la FWB.

Définition

Selon la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’inclusion scolaire se définit comme étant un processus établi dans le milieu scolaire ordinaire afin d’accueillir un enfant à besoins spécifiques ou ayant des difficultés ; un handicap ou un enfant présentant des troubles d’apprentissages. Cette inclusion permet à un enfant à besoins spécifiques de poursuivre sa scolarité dans le milieu ordinaire tout en bénéficiant d’aménagements raisonnables (matériel, pédagogique et/ou organisationnel).

La pédagogie inclusive se traduit par la mise en place d’un fonctionnement pédagogique favorisant les apprentissages de tous les enfants, qu’ils aient des difficultés ou non.

L’inclusion bénéficie aux enfants pouvant fréquenter des établissements scolaires plus proches de chez eux (Éducation, 2010).

L’inclusion favorise le sentiment d’appartenance, le développement social de plus qu’une interaction positive avec sa communauté scolaire et ses pairs (Définition de l’inclusion Scolaire I. Vision, n.d.).

Pour conclure nous avons choisi une solution selon l’éthique conséquentialiste où les désirs et les besoins premiers de tous les acteurs sont pris en compte, tout en sachant qu’il faudra encore se soucier du point de vue de l’enfant par rapport à son projet de vie et scolaire.

 

 

Bibliographie

  • Définition de l’inclusion scolaire I. Vision. (n.d.).
  • Éducation, P. D. E. L. (2010). Inclusion scolaire : https://www.inclusion-asbl.be/au-long-de-la-vie/eduquer-notre-enfant/inclusion-scolaire/
  • be – L’inclusion scolaire. (n.d.). Retrieved December 27, 2020, from http://www.enseignement.be/index.php?page=27775